i'm running with the wolves tonight (Tara)

ANECDOTE - A l'aube de sa naissance, les siens portaient encore le deuil de son père, tombé au champ d'honneur et au service de la patrie durant l'Opération Archway, quelques semaines avant la capitulation allemande du 8 mai 1945. Nombreux étaient ceux qui espéraient que l'enfant à venir de James soit un garçon, et finalement, ce fut une fille posthume. Tara n'a donc jamais connu son père, mais sa présence a toujours été là, présente, auprès d'elle. Un héritage et une filiation qui lui furent souvent lourds à porter, là où elle a toujours eu à l'esprit de ne point décevoir son père et toujours lui rendre honneur, d'où qu'il soit désormais. Mais James n'est pas le seul être qui laissa un grand vide et créa un grand manque dans la vie de Tara. Car déjà orpheline de naissance, la jeune femme perdit également sa mère alors qu'elle n'était encore âgée que de 5 ans, Chiara ayant été assassinée. 5 ans, un âge auquel les souvenirs se forment, certes, mais sont diffus, dilués, incertains, le tout allant de mal en pire à mesure des années qui s'écoulent. Bien qu'aimée par les siens, à leur façon si particulière, car si aristocratique et Elementare, Tara s'est donc toujours sentie à part, en quelque sorte. Naviguant entre deux eaux, avançant telle une funambule au dessus de ce grand vide qu'est le fait d'être orpheline, entre jour et nuit, entre sa vie à elle et leur trépas à eux, ses parents.

ANECDOTE - Jamais personne n'aurait misé sur la rencontre et le mariage des parents de Tara. D'un côté, James Arthur Montagu-Douglas-Scott, membre de la haute aristocratie écossaise, tout à la fois neveu du 8e Duc de Buccleuch et 10e Duc de Queensberry, et de la Princesse Alice, tante par alliance de la reine Elizabeth II, et également lié aux ducs d'Atholl de par sa mère Penelope Ophelia Murray. Militaire de formation et de carrière, il était alors membre et gradé des forces spéciales du Special Air Service. Promis à un brillant avenir, son chemin était pavé d'or, et parmi les Elementare, sa réputation n'était plus à faire. De l'autre côté, Chiara Bianci, italienne ayant fui le fascisme qui gangrénait son pays et lui avait déjà coûté sa famille. Jeune immigrée dont, au final, on savait peu de choses, son chemin la mena d'abord à Paris puis à Londres, où elle rencontra, bien par accident, le jeune James, alors en permission. Nul ne sait trop ce qui leur plut principalement l'un chez l'autre : craqua-t-elle pour le prestige de l'uniforme, pour ses airs de fils de très bonne famille tiré à quatre épingles mais aux cheveux ébouriffés et aux manches relevés, assis à ce comptoir de bar en sirotant un verre de whisky ? Éprouva-t-il de la compassion et du respect pour ce par quoi elle était passée, elle qui, Wendan Sans-Visage, dissimulait les cicatrices qu'avaient gravé jusque dans sa chair les turpitudes italiennes et fascistes de ces années 1940 ? Le fait est que ce fut sans doute le coup de foudre, entre eux, du haut de leurs 24 et 19 ans respectifs, comme ces coups de foudre clichés dont la littérature a le secret, magnifié, flamboyant, électrique. Moins d'une semaine après leur rencontre, James lui demandait sa main et l'épousait, court-circuitant les projets matrimoniaux des siens.

ANECDOTE - Sur le papier, la rencontre et le mariage des parents de Tara pouvaient tout avoir d'idyllique et de mythique. Ce coup de foutre, cette union et cette fusion entre deux êtres que tant de choses séparaient et différenciaient. Dans les faits, ce fut plus compliqué que ça. Car à peine mariés, ils furent séparés, la permission de James touchant à sa fin, l'obligeant à rejoindre son unité. Pour faire honneur aux siens, à son pays, et à ses engagements militaires. Ce fut donc une semaine intense et forte en émotions, pour eux qui, tragiquement, ne se revirent jamais, mais qui, en ces quelques jours arrachés aux drames et aux griffes de l'Histoire, parvinrent à engendrer une nouvelle vie, en la personne de Tara, qui se sait avoir été très probablement conçue lors de la nuit de noces de ses parents. Elle les a lu, ces nombreuses lettres écrites par son père à sa mère, en un court mois seulement. Elle a déchiffré, en filigranes, que ses grands-parents paternels n'ont pas aisément digéré et accepté le mariage de leur fils aîné avec une étrangère dont on savait si peu. Mais ils ont bien dû faire avec, car le ventre de Chiara se mit à grossir, et que l'enfant à venir serrait le plus bel héritage que laisserait James derrière lui. Il n'empêche que, parfois, elle s'est demandée si les siens l'avaient aimée dès le début, ou s'ils avaient pu lui en vouloir d'être là, de lier à leur destin celui de Chiara. Elle se demande encore aujourd'hui, parfois, si sa mère aurait pu finir par être pleinement acceptée si elle avait vécu un peu plus longtemps. Mais jamais elle n'a douté du fait qu'ils ont tout fait pour que les meilleurs honneurs soient rendus à Chiara, au jour de son tragique, brutal et injuste trépas.

ANECDOTE - Durant les premières années de sa vie, Tara a vécu à mi-chemin entre les possessions écossaises de sa famille et le pied à terre londonien de ses grands-parents. Ce sont eux qui l'ont prise en charge et élevée durant quelques mois après la mort tragique de sa mère. Et puis, ils l'ont confié à l'une de leur fille, Aliénor, épouse d'Adrian Claymore, pour qu'elle puisse grandir entourée de cousins de son âge. Pour qu'elle ne plie pas sous le rappel constant de la disparition tragique de son père. Pour qu'elle puisse s'épanouir et grandir au mieux, comme une jeune fille de son âge, non sans également pouvoir recevoir l'éducation la plus élitiste qui soit, en lien avec ses origines aristocratiques, à la lueur d'une seconde partie de siècle des plus changeantes, évolutives et révolutionnaires. Au milieu de tout ceci, Tara en a presque oublié que, peut-être, elle ne serait pas Elementare comme son père, mais bel et bien Wendan comme sa mère.  

ANECDOTE - Elle a eu du mal à se faire à l'idée qu'une fois de plus, le sang qui coulait dans ses veines allait la différencier du restant de sa famille. Car en plus d'être le fruit d'une union mixte entre un aristocrate écossais et une italienne issue du peuple, Tara était la fille d'un Elementare et d'une Wendan, avant de se révéler Wendan lors du rituel. C'est sa tante paternelle, Aliénor, qui a pressenti que, du point de vue magique, Tara serait la fille de Chiara et non celle de James. Comme un instinct. Comme une marque de respect, aussi, envers cette jeune femme disparue trop tôt, et dont l'existence se devait d'être honorée, et non dissimulée sous le tapis. De quoi perturber l'adolescente lorsqu'elle passa le rituel Wendan et non le rituel Elementare. Les premiers temps, elle se dit qu'il y eut une erreur, s'efforçant de croire que si elle avait passé le rituel Elementare, elle aurait été comme ses cousins. Aujourd'hui, elle sait que cela n'aurait de toute façon pas fonctionner, et qu'au moins, elle n'a pas eu à lire de la déception dans le regard des siens lors d'un rituel qui aurait échoué. Mais jamais elle n'a été une Wendan comme les autres, refusant de s'éloigner des siens, mais sachant tout de même embrassée sa vraie nature. La plaçant une fois de plus à la frontière entre deux entités.

ANECDOTE - De par son éducation, ses penchants naturels et ses affiliations, Tara a été élevée dans le respect des anciens, de l'histoire et de la terre qui la portait. Au-delà des leçons de géopolitique, de littérature, d'art oratoire, de théâtre, de sciences et de langues étrangères, ainsi que de solfège, de danse et de musique, Tara a appris la botanique et l'équitation, étant cependant exonérée de la chasse à courre, son grand-paternel y coûtant très peu, lui qui était sans doute bien moins conservateur que ses frères et sœurs. La jeune femme a cependant été formée à l'archerie et au maniement des armes à feu, un héritage des plus aristocratiques. De quoi lui faire tout particulièrement apprécier les balades à cheval dans les landes écossaises, sur les vastes terres des Montagu-Douglas-Scott, au soleil couchant, quand le silence est seulement perturbé par les bruits vivants de la faune sauvage et par le vent dans les arbres, le coulis des ruisseaux sur les cailloux et les craquements de la forêt.

ANECDOTE - Sa relation à sa famille est des plus particulières. En tant qu'aristocrate ayant été élevée par des Elementare, elle a été élevée avec une certaine distance et déférence. Ainsi, elle n'a jamais guère tutoyé que ses cousins, et a pu développé des liens plus forts avec la domesticité qu'avec ses grands-parents ou ses oncles et tantes. Cela ne l'a toutefois jamais empêché de savoir qu'ils l'aimaient et qu'ils seraient toujours là pour elle. Ce n'est donc pas de la froideur ni de la défiance, même juste la façon de procéder chez les siens. Ce qu'elle a parfois regretté, la poussant alors à adopter des codes quelque peu différents avec ses propres enfants. Une façon comme une autre de mettre en exercice des codes plutôt empruntés aux Wendans qu'aux Elementares.

ANECDOTE - Elle est mariée depuis environ 9 ans à Christopher Underwood. Une union semi-arrangée, car si son grand-père ne lui a jamais expressément demandé d'épouser le jeune homme, il l'a en revanche fortement encouragé à faire sa connaissance et lui a bien fait comprendre qu'elle avait sa bénédiction pour le fréquenter. Puis pour l'épouser, quand le jeune homme lui en a fait la demande. Alors, si Tara avait déjà eu quelques histoires d'amour avant Chris, elle n'a pas cherché à savoir si elle serait plus heureuse avec un autre qu'avec lui. Ensembles, ils ont eu trois enfants : James, âgé de 7 ans, puis les jumeaux Hugo et Julia, âgés de 4 ans. Elle n'est pas malheureuse, avec lui, mais est-elle réellement pleinement épanouie, alors là ...

ANECDOTE - Se libérant quelque peu des carcans qui ont pu régir la vie de son propre père, elle est de cette génération d'aristocrates qui se modernise quelque peu, qui adopte plus généralement les nouveaux codes de la société et qui, plus largement, apprend à vivre avec son temps. Ainsi, elle n'a jamais eu l'ambition d'être femme au foyer, élevant ses enfants et se consacrant aux mondanités élitistes pendant que son mari travaillait et ramenait un très bon salaire. Travailler a été une volonté de sa part, même si elle a quelque peu choisi la solution de faciliter en se dirigeant dans une profession où son nom de famille lui ouvrait déjà grand les portes depuis toujours. Dotée d'une grande fibre artistique et d'un joli coup de pinceaux et de crayons, et ayant grandi au milieu de l'immense collection familiale, Tara s'est engagée dans la profession de conservatrice du patrimoine, travaillant aujourd'hui pour le prestigieux British Museum, et s'épanouissant pleinement dans sa carrière. En quelque sorte, elle est sans doute plus heureuse professionnellement que conjugalement, ce dont elle feint de ne pas se rendre compte.

ANECDOTE - C'est une jeune femme curieuse et intéressée, qui sait se relever les manches pour travailler ou pour s'engager dans des causes qui lui tiennent à cœur. A ce titre, elle milite activement au sein des œuvres de charité familiales dans les domaines artistiques et sociaux. Mécène, elle n'hésite pas à supporter financièrement des causes qui lui tiennent à cœur, et à donner bénévolement de son temps. Ce à quoi on l'a toujours encouragée, car c'est bon pour l'image. Cependant, il existe plus féministe et engagée qu'elle. Disons qu'elle est une fois de plus dans un certain entre-deux, ayant une vision mi-conservatrice mi-moderniste. Ce qui fait qu'elle ne plait pas forcément à tous, certains aristocrates lui reprochant de trop s'intéresser aux causes du peuple, et certains non-aristocrates préférant que des gens comme elle, ultra-privilégiés, s'occupent de leurs affaires sans se mêler des leurs. Mais dans le fond, plaire à tous, c'est plaire à personne, n'est-ce pas ?

ANECDOTE - Elle n'a pas la meilleure des cuisinières, et elle le sait, mais elle se débrouille très bien en pâtisserie et en boulangerie-viennoiserie. De toute façon, elle a du personnel de maison pour cuisiner et faire le ménage à sa place, ce dont elle est bien aise. Dotée d'un palais raffiné, elle apprécie cependant la nourriture plus simple, et a même un péché mignon pour la nourriture asiatique, même si elle est également plus que fana de la nourriture italienne, comme une sorte d'hommage à sa mère. Un hommage qui va plus loin que la simple nourriture, car si en tant que bonne britannique, elle a une grande dévotion pour le thé, elle n'a également rien contre une bonne tasse de café. Bonne œnologue, elle apprécie également les grands vins et se targue de savoir identifier les différentes cuvés de whisky. Partisane d'une bonne hygiène de vie, elle fait régulièrement du sport, pratiquant le yoga le matin et le soir, apportant un grand soin à sa peau et préférant monter les escaliers plutôt que de prendre les ascenseurs. Elle apprécie également de sortir elle-même ses deux chiens, et, en tant que partisane de la cause animale, elle est flexitarienne et refuse de porter de la vraie fourrure. Mais, pas à un paradoxe prêt, elle n'a rien contre le vrai cuir, et elle consomme tout de même de la viande et du poisson.

ANECDOTE - Passionnée de photographies, elle possède plusieurs clichés de grands photojournalistes, achetés aux enchères ou lui ayant été offerts. Elle a un faible particulier pour le travail de Dorothea Lange ou encore de Lee Miller. Elle possède également de bonnes connaissances en arts, avec une prédilection pour le Rinascimiento italien et, plus largement, les XVe, XVIe et XVIIe siècles. Elle-même peintre, elle a déjà été exposée dans des galeries, bien qu'elle n'en fait pas la publicité, ne s'estimant pas à la hauteur des grands artistes de son temps et des temps jadis. Plus jeune, elle se rêvait d'ailleurs restauratrice d'arts, mais le fait de devoir rester sans bouger pendant de longues heures a fini par la rebuter, elle qui a besoin de mouvements, d'action et de rythme soutenu. Possédant un certain sens de l'esthétisme, elle passe pour avoir un style vestimentaire bien à elle et des plus plaisants, mêlant les traditions et la modernité, capable d'allier une chemise à jabot rose poudré avec un pantalon noir et évasé. Loin de passer de longues heures devant la classe pour se coiffer, se maquiller et se parfumer le matin, elle prête cependant de l'attention à son apparence, et a toujours un petit nécessaire de retouches dans son sac à main, afin d'être en mesure de se refaire une beauté entre deux rendez-vous.

ANECDOTE - Elle aime tout particulièrement la calligraphie, maîtrisant à la perfection les pleins et les déliés, en n'ayant absolument pas été traumatisée par les longues heures d'écriture qui ont pu lui être imposées lorsqu'elle apprenait l'art de l'écrit. Sa préférence va au stylo à plume, bien qu'elle se laisse parfois aller à ses ancêtres, la plume et l'encrier, le tout sur du joli papier qui crisse sous l'écrit. A ce propos, elle signe elle-même manuellement tous ses courriers, tous ses dossiers et toutes ses cartes de visite, le plus souvent d'une encre turquoise, émeraude ou grenat. Si vous recevez du noir, c'est en général mauvais signe ! Elle aime également les collages et les assemblages, et pas qu'en arts. Ainsi, elle a pour habitude de faire de tableaux d'humeur et d'envie, notamment quand il s'agit de meubler une pièce chez elle, de refaire la décoration ou de commander des vêtements. Elle pioche de ci de là ce qui lui plait bien, visuellement, en terme de tonalité de couleurs, de matériaux, d'ambiance ou de style, comme une palette qui se bâtit d'elle-même et que Tara va ensuite s'efforcer de suivre, en s'en inspirant, pour obtenir un résultat final à la hauteur de ses attentes, de ses envies et de ses besoins.