there's some talk going 'round town (henry)

BRITISH MUSEUM
avec @Henry Fitzgerald

There's some talk going 'round town

Charlie l'observe d'un air goguenard, incapable d'empêcher ses lèvres de s'étirer en un grand sourire. La jeune femme s'efforce de l'ignorer, combattant une envie impérieuse de le fusiller du regard. Elle sait bien que cela donnerait de l'eau à son moulin et qu'elle ne finirait pas d'en entendre parler. Etait-elle donc la seule à craindre les idiots maladroits au milieu d'objets anciens et par définition extrêmement fragiles ? Agatha est agacée par cette soirée mondaine où l'on tente de définir le prix du manteau de fourrure de la riche doyenne plutôt que l'époque d'une magnifique fresque provenant de Thèbes. En définitive, il est à ses yeux bien plus agréable d'encadrer un groupe d'enfants indisciplinés car, au moins, dans le lot, certains font preuve d'une innocente curiosité. Alors qu'il croise son chemin, le directeur du British Museum lui tapote l'épaule d'un air entendu. C'est un homme grand et sec au nez aquilin dont la façon de se mouvoir, d'un pas assuré en saluant quiconque d'un léger signe de tête, ne donne aucun doute quant à son identité. Deux jours plus tôt, ce dernier lui avait fait comprendre que cet événement, regroupant l'ensemble des mécènes du musée, était essentiel pour son développement et qu'il attendait d'elle son entière collaboration. A comprendre : présence obligatoire et avec le sourire s'il vous plaît.

Puisqu'elle a passé l'âge la jeune femme se retint de lever les yeux au ciel, mais s'autorise un petit soupir. Légèrement en retrait, elle profite du fait que personne ne peut l'entendre. Et suffisamment proche pour adresser un signe à un serveur afin de lui dérober une coupe de champagne. Agatha suspend cependant son geste lorsque son regard effleure une silhouette connue. Henry Fitzgerald. Si elle savait que leurs chemins se croiseraient à nouveau un jour, elle ne pensait pas que se serait en ces lieux. Elle s'était plutôt imaginé une rencontre fortuite dans un lieu moins familier, voir même organisée par ses soins dans le but de le confronter. Avec aplomb, évidemment. Finalement les mois sont passés et il lui semble que l'occasion s'est perdue. La culpabilité lui noue l'estomac alors qu'elle se souvient que toutes ses preuves mènent à un cul de sac et qu'elle ignore encore où se trouvent son frère et sa soeur. Agatha est bien la seule à croire qu'ils sont en vie, quelque part. Ses doigts se crispent autour de son verre tandis que le détective s'avance vers elle et qu'elle tente de ne pas sombrer. Comme à son habitude, le visage de la jeune femme est impassible, il ne trahit rien de son tumulte intérieur. Elle parvient même à se reprendre et à se sermonner. Plus tard, à l'abris des regards elle s'autorisera à craquer. Pas avant, pas ici et maintenant. Surtout devant celui qu'elle soupçonne de faire partie du Golden Order.