eclipse of the hearts ft Antanasia.

Il est parfois difficile d'oublier le vide d'un membre de son clan dans les liens magiques qui les unissait les uns aux autres. Elle avait déjà expérimenté la perte de l'un d'eux lors de la mort, elle avait pu sentir le lien s'étioler à mesure que la personne mourait puis finalement disparaître. Elle avait déjà ressenti cette impression qu'on lui coupait une partir d'elle lorsque ce fil qui les réunissait les uns et les autres étaient coupés. Rien, pourtant, ne l'avait préparer à la disparition de sa sueur. Parfois, elle se réveillait le matin et tâtait dans son esprit l'endroit où aurait dû se trouver sa sœur, mais il n'y avait rien qu'un vide assourdissant. Dans ces moments-là, elle se tapait mentalement l'esprit. Sa sœur était une traîtresse, une ambitieuse, comme Icare elle avait voulu toucher le soleil et s'était brûlé les ailes. Elle devrait être contente qu'une telle personne ne fasse plus partie du clan et ne puisse plus nuire. Pourtant... Artemisia secoua sa tête et ajusta ses lunettes de soleil sur son nez. Elle avait déjà trop pensé à ça hier et cela expliquait ses cernes qu'elle cachait derrière les montures noires sous les yeux des passants. Le soleil était aussi rare à Londres que l'humanité chez les Beaumont. Elle allait jusqu'au bureau de la rédaction pour continuer son enquête sur les gens que les médias prétendaient fous qui disaient venir de 2020. 2020, elle n'arrivait pas à imaginer ce que sa vie devait être à cette époque, elle avait du mal à imaginer son futur. Elle voulait rencontrer ses gens et le découvrir. Elle espérait être une grande journaliste ou avoir créé son propre journal dans le futur. Peut-être qu'elle faisait même partie du Conseil avant que les rebelles ne viennent ?

Elle marchait dans cette foule informe quand elle la remarqua. Elle sentit le vent bousculer ses cheveux derrière elle alors que ses yeux s'écarquillaient et elle remerciait le ciel que ses lunettes cache son expression de surprise. Antanasia était là. Ses mains se mirent à fourmiller et en dessous de son manteau, elle mit une main sur la poignée de son mousquet. Un mousquet qu'elle avait ensorcelé pour que nulle ne le remarque ou que les gens n'arrivent jamais à le discerner derrière son long manteau noir. La sensation du métal sous ses doigts la rassura et elle s'arrêta de marcher pour mieux observer sa sœur. Elle semblait aller bien, et elle se mit à la détester pour ça. Elle aurait préféré qu'elle souffre pour ce qu'elle avait fait à sa famille et qu'elle devait réparer, elle aurait préféré ne jamais la revoir pour ne pas avoir à faire face à son cœur, ce petit traître qui battait la chamade. Sa sœur ne sembla pas la remarquer tout de suite, mais lorsqu'elle le fit, elle s'avança vers elle et s'arrêta à deux mètres d'elle. Le monde continuait de tourner, mais le temps semblait s'être stoppé pour Artemisia. Elle retira ses lunettes soigneusement, les mit dans sa poche et adopta une posture nonchalante. Enfin, ses lèvres s'étirèrent en un petit sourire narquois.

« Antanasia.» Finit-elle par dire froidement. Son nom, qu'elle n'avait pas prononcé depuis deux ans, semblait sonner étrangement dans sa bouche. Était-elle en colère parce qu'elle avait été bannie et avait déshonoré leur famille ou parce qu'en faisant ce qu'elle avait fait, en prenant ce risque, elle l'avait abandonnée elle, sa petite sœur ? Elle préférait ne pas répondre à cette question. Son regard parcourut le look de sa sœur, sur son visage, ses yeux et elle rajouta « Tu as l'air d'aller bien.» Cela faisait deux ans qu'elle n'avait pas vu sa sœur. Elle ne l'avait jamais dit à son père, mais elle l'avait cherché encore et encore dans les rues de Londres après son bannissement, en vain. Elle ne l'avait jamais trouvé. Puis, elle s'était ressaisis et avait décidé d'arrêter de la chercher après tout, elle l'avait abandonné, elle et toute sa famille. Elle avait trahi toute sa famille en faisant ce complot stupide. Depuis son bannissement, son père refusait même de dire son nom, Antanasia était comme effacée de leur famille, comme si elle n'avait jamais existé.