lonely hearts club (libre)

Theodore n'a aucune idée de ce qu'il est en train de faire. C'est le sentiment général qui dicte sa vie depuis qu'il est arrivé en 1975. Comme s'il avançait les yeux fermés dans un chaos sans nom. Le semblant d'équilibre et de sentiment d'appartenance qu'il a pu trouver en 2020 n'existent plus à cette époque. Il se retrouve désormais perdu entre les siens, leur but et leur objectif qu'il n'est pas certain de partager, et tout ce nouveau monde qui s'ouvre à lui et auquel il n'appartient pas. Le voilà à nouveau devenu un inconnu pour cette ville où il s'est construit, où il a essayé de le faire, du moins. Toutes les personnes qu'il pensait apprécier ne verront pas le jour avant plusieurs décennies, et la simple idée de devoir recommencer à zéro lui semble à la fois épuisante et excitante. S'il a encore du mal à s'habituer à cette époque dont il a entendu parler sans jamais vraiment s'y intéresser, il commence cependant à se dire que, peut-être, arrivera-t-il à trouver sa place ici aussi. Loin de sa mère, de son père, et même si Tori est là elle aussi, elle a bien d'autres choses sur lesquelles se concentrer. Et sa mère, même s'il sait qu'elle a presque son âge à cette époque, elle n'est pas celle qui l'a élevé, pas encore du moins. Pour autant, il n'a pas envie de la voir ni de la côtoyer, et même s'il l'a croisé lors d'une réunion du clan, il s'est bien gardé de lui dévoiler son identité. Oui, peut-être que tout ça peut fonctionner. Il l'espère, du moins, même si les bases qu'il est en train de construire lui paraissent bien fragiles. Des mensonges, voilà ce qu'il est obligé de servir à toutes les personnes qu'il rencontre. Et s'il l'a toujours fait en partie, c'est pire désormais. Il ment aux humains sur ses origines, il ment à son clan sur ses motivations. Il navigue entre deux eaux, prêt à quitter le navire ou à sombrer avec aux premières complications. Il sent que le jeu auquel il s'adonne, le comportement qu'il est en train de revêtir sont dangereux, mais peu importe. C'est tout ce qu'il connait aujourd'hui, tout ce qui lui permet de ne pas se sentir complètement submergé.

The World's End. Le nom du pub lui semble ironiquement approprié étant donné la situation actuelle. Il a atterri ici après avoir passé la journée à arpenter les rues de Camden. Le quartier qu'il connaît et où il a ses habitudes a bien changé en quelques décennies. C'est la musique qui résonnait dans l'établissement qui l'a attiré alors qu'il passait sur le trottoir d'en face. Assis à une petite table au fond du pub, il observe le groupe de rock en buvant une bière. Visiblement, il n'a pas été le seul attiré par la musique, puisque le bar est rempli. Les bruits de discussions des clients se mêlent aux solos de guitares et de batteries. Si Theo ferme les yeux un instant, il a presque l'impression d'être de retour à son époque, comme si rien n'avait changé.

(le sujet est totalement libre. venez tous partager une petite bière, ça réchauffe les cœurs  )

Le fameux rendez-vous du vendredi soir. Rares sont les fois où Ruby se laisse tenter par ses collègues pour les rejoindre au pub du coin. Mais ce soir, elle est d'humeur festive. Et après une éprouvante semaine de travail, une bière fraiche lui fera le plus grand bien.

En réalité, ces derniers temps, la moindre opportunité pour se changer les idées est bonne à saisir. Le moral atteint, les journées entre l'imprimerie, les bureaux administratifs et les séances de correction et relecture ne lui ont jamais paru aussi rapides, enchainant les heures supplémentaires tardives, redoutant l'heure de rejoindre le clan et ses obligations de sorcière. La solitude laissée par le départ de ses parents - ou plutôt le bannissement, laisse un trou béant dans son cœur qu'elle ne parvient qu'à combler par le travail, la passion qu'elle met dans ses bouquins. L'appréhension se mêle à la déception maintenant que le futur est incertain, que le passé ne vaut plus rien. Retrouver une place, chercher son chemin parmi cette étendue brumeuse de mensonges et de méfiances. Faire des choix. Ruby s'est toujours contentée de suivre la route qu'on lui indiquait, les pensées pourtant libres et la volonté féroce, mais la discrétion comme carapace. Une certaine assurance qu'on laisse son paradis mental tranquille. Mais désormais, chacune de ses actions peuvent avoir des répercussions sur son intégration au clan, et bien qu'elle ne soit plus très certaine de son allégeance, sa sécurité en dépend. Et elle n'a presque jamais autant regretté l'autorité de ses parents.

Verre de blanche à la main, elle engage une discussion avec son collègue sur ces derniers essais d'un jeune écrivain prometteur qu'elle a lu dans l'après-midi, lorsqu'une silhouette au fond de la taverne attire son attention. Visage familier, elle met quelques instants à reconnaître Theodore. Un large sourire éclairant ses traits, elle s'excuse auprès de son collègue avant de s'approcher du coin squatté par le sorcier. - Theodore ! Quelle drôle de coïncidence. Que fais-tu ici ? Tu attends quelqu'un ? Elle remarque la bière posée devant lui ; à la couleur, elle devine facilement qu'il s'agit de la même que la sienne. Je vois que les bonnes choses ne se perdent pas dans le futur. Et elle lève son verre, trinquant à cette situation étrange et hasardeuse qu'ils sont en train de vivre. Dramatique, d'une certaine manière. Mais avec une légèreté que seule une bonne bière ne peut leur apporter.

@Theodore Bennett Je m’incruste du coup.

La musique qui s'élève dans le bar ne suffit pas à le sortir de ses pensées. Alors que les réflexions s'enchaînent dans son crâne, son regard glisse sur les visages de tous ces inconnus autour de lui sans s'y arrêter. Ce n'est que lorsque la voix familière de Ruby résonne près de Theodore que cela le sort de sa rêverie. Un sourire vient s'afficher sur le visage du Tima à la vue de la sorcière. Londres est une grande ville, et pourtant voilà qu'il tombe sur l'une des quelques personnes qu'il a rencontré en 1975. « Ruby, ça fait plaisir de te voir ici. » Et ces quelques mots sont sincères. La Spered est l'une des personnes qu'il s'est surpris à apprécier, en arrivant à cette drôle d'époque. Bien loin des stéréotypes qu'on lui a présenté à l'égard des sorciers rouges, il se surprend à se reconnaître bien plus qu'il ne l'aurait pensé en Ruby. Finalement, la voir ici, dans un bar rempli d'humains, ne le surprend pas tellement. Car ils ont chacun des raisons qui leur sont propres pour éviter les leurs, autant de raisons qui les poussent à s'entendre et à s'apprécier, en vérité.

« Si tu veux tout savoir, je me suis promené à Camden pour.. comparer un peu. » Les prunelles du jeune homme glissent sur les personnes qui se trouvent près de sa table. Heureusement pour lui, personne ne semble leur accorder d'importance, et la musique qui résonne dans le pub couvre ses paroles. « Puis j'ai atterri ici après avoir entendu la musique. Je n'attends personne, donc tu es la bienvenue si tu veux me tenir compagnie. » Il fait un signe vers le tabouret libre à côté du sien. « Si tu as le temps bien sûr, je doute que tu sois venue seule. » En réalité il n'en sait rien, mais il est vrai que les gens se rendent rarement seuls dans un bar. Un rire échappe de ses lippes lorsque la sorcière reprend la parole. A son tour, il lève sa pinte pour trinquer avec elle. La présence de la Crowley est étrangement réconfortante et distrayante, comme si elle savait toujours trouver le mot juste pour le faire sourire ou pour lui changer les idées. Pourtant, il se doute que la jeune femme a son lot de problèmes elle-aussi, les rumeurs la suivent comme une ombre après tout, mais il admire cette capacité qu'elle a à ne pas laisser transparaître ses préoccupations. « Si tu savais. Je suis sûr qu'on aurait même des choses à vous apprendre. » Ou peut-être pas, après tout. Theo n'en sait rien, en vérité, encore trop perdu dans cette époque qu'il ne connaît pas, et avec des souvenirs de 2020 qui ne lui servent pas à grand chose ici.

« Et toi, qu'est-ce que tu fais ici? Besoin de souffler un peu après une longue journée de travail? » Il doit bien avouer que tout ça lui manque. Avoir un rythme, un objectif, se lever le matin pour aller à la librairie, et rentrer le soir avec cette fatigue dans les os, mais la satisfaction d'avoir fait du bon travail. Ici, ses journées se suivent et se ressemblent. Il marche, beaucoup, dans cette ville qu'il n'est plus certain de connaître. Il se cherche, essaye de remettre de l'ordre dans ses idées et ses envies, en vain. Intru dans une époque où il n'existe pas, où il n'a même pas d'identité, avec pour seul justificatif un papier falsifié qu'on lui a fourni il y a quelques temps pour expliquer sa présence en ce monde. Il aimerait retrouver un semblant de normalité, et peut-être que tout ça commence ici, à discuter avec une potentielle amie autour d'une bière, comme il aurait pu le faire en 2020.

@ruby crowley
t'as bien raison